Lu dans Var Matin aujourd'hui : en bas de page : « Mort d'un SDF » avec un article reprenant ce fait divers qui n'est pas un fait d'hiver mais un fait tout court.
Aujourd'hui, je suis mal. J'ai honte.
D'ordinaire, les SDF meurent dans la rue à cause du froid. A Hyères, nous avons en ce moment une température printanière, 21° aujourd'hui. Je ne savais pas qu'on pouvait mourir dans la rue dans notre belle Cité. Ailleurs, mais pas à Hyères!
On a dû, tous, à un moment ou à un autre, le croiser, lui donner une pièce ou l'ignorer. Mais qui a pris la peine de lui adresser la parole, de lui venir en aide ? Certainement des associations démunies que personne n'entend. En tout cas pas moi. Pas vous. Pas nous. Il avait semble-t-il des problèmes de santé et faisait des séjours réguliers dans les hopitaux. Et puis, retour case départ, la rue.
Que veut dire le « droit au logement opposable » quand on ne peut s'opposer à rien, qu'on n'en a ni les moyens, ni la force, ni les appuis pour le faire? S'opposer à l'Etat qui, de fait, devient créancier des sans logis? On peut s'abreuver de belles paroles et de beaux textes quand les concernés s'abreuvent toujours dans le caniveau.
Si je gagne ma vie honnêtement grâce au logement, je n'en éprouve pas moins un malaise profond face à cette France « accidentée », jetée à la rue, livrée à elle-même et aux plus élémentaires des instincts de survie: se nourrir et se loger.
Travailler dans l'immobilier et s'apitoyer sur ce fléau, quelle drôle d'idée! Je n'ai à me justifier de rien. J'aime mon métier, et que je l'exerce ou pas ne va rien changer me direz-vous. Ma façon de l'exercer peut par contre contribuer à améliorer, si modestement soit-il, certaines situations dramatiques.
C'est une réflexion que je sais que je vais devoir mener, car si ce fait divers me touche très sincèrement, tout ce que je vois d'inadmissible, d'incompréhensible et d'injuste dans le fonctionnement de notre société en matière de logement, me fait m'interroger depuis longtemps déjà. J'avais, par ailleurs, fait des propositions à Seignosse pour l'atelier « Logement », en introduisant la notion « d'Immobilier social ». Aucun écho à ce jour...
Je n'ai pu m'empêcher de remarquer l'étrange contraste avec l'article de haut de page de Var Matin, ce même jour: « Il fait bon vivre à Hyères... », où l'on apprend, avec bonheur l'anniversaire centenaire de l'une de nos concitoyennes.
Christophe P., ce SDF décédé, avait, lui, 38 ans ....
On est en France
On est en 2008.