Quelques personnes, une soixantaine, étaient là cet après-midi à l'enterrement de Christophe P.Quelques potes d'infortune, des membres d'associations, deux candidats aux municipales, et des anonymes, comme moi, venus comme pour soulager leur conscience qui a été mise à rude épreuve face à ce drame.
Cet adieu à Christophe avait un goût de bitume. Celui qui sert de lit à ces laissés pour compte, ces funambules de la vie.
Christophe, « Doudou » comme l'appelaient ses copains a eu un jour une famille, un toit, a eu sans doute quelques moments ou instants de bonheur, il a certainement essayé de s'adapter à cette société si cruelle. Mais il a lâché prise...
On se plaint, de tout ou presque. De l'important comme du superflu. On a tort , on a raison, je n'en sais rien, je suis écoeurée, c'est tout. Mais tellement démunie!
Notre société devient pathétique à courir autant après le profit, le matériel, l'argent-roi, la productivité, les bénéfices, et à oublier ce qu'aimer l'être humain veut dire. Liberté , Egalité, bien sûr, mais Fraternité et Solidarité surtout. Nous sommes de plus en plus asservis par le profit et la recherche du bien être matériel, en occultant les vraies valeurs .
Un être humain renferme à lui seul toute la richesse d'une vie. Comment nos société ont-elles pu se contruire en mettant au second plan ce qui les a construites: l'Homme !
La vie est faite d'inégalités. Il y aura toujours des riches et des pauvres. Des privilégiés et des brisés. Mais doit-on crever dans la rue parce qu'on est pauvre ? N'a-t-on pas droit à un peu de dignité même dans la misère ? Car il s'agit bien de cela : la misère humaine ! Nous avons, nous aussi, nos misérables. Nous sommes en pleine ignonimie humaine. Nos politiques sont responsables par leur apathie. Leur manque de volonté à régler une fois pour toutes le problème du non-logement ou du mal-logement. Combien de logements sont vides (privés ou publics) alors que trop de personnes dorment dehors? Pourquoi empiler des lois, telles que le Droit au Logement opposable, alors qu'elles sont difficilement applicables et si contraignantes qu'elles n'ont aucune utilité?
SDF, Sans Domicile Fixe : que vient faire le « fixe » là dedans ? Cela, sous-entend que le type ou la nana a un domicile quand même, un par ci, un par là. Mais ça n'est pas ça du tout: ils n'ont pas de domicile « tout court ». Leur domicile, c'est la rue, des cartons en guise de matelas, une bouteille de rouge comme moyen de chauffage et leurs guenilles pour couverture. Ca c'est la réalité. Des chiens errants, qui n'ont que la parole en plus, mais sans pouvoir s'en servir. Cependant, la Société pense à tout ! Elle a même inventé un produit chimique pour les évacuer, proprement, c'est magnifique le progrès! Du Baygon pour humain, sauf que celui-là , il tue pas, en tout cas pas immédiatement, il éloigne loin des yeux et bien loin du coeur, cette race si gênante pour nos belles villes, celle des cassés de la vie.
Se loger et se nourrir et un droit pour tous! C'est notre devoir de nous battre pour ce droit. On ne peut que se sentir impuissant face à tout ce gâchis généré par une société faite par et pour les puissants et les riches.
C'est là que je mesure toute l'indécence que Nicolas Sarkosy a eue à tripler son salaire quand d'autres meurent en pleine rue, à étaler ses vacances dans des bateaux et résidences de luxe prêtées par des potes de fortune, alors que des hommes et des femmes connaissent la faim dans notre pays si riche, même si on nous fait croire que les caisses sont vides.
Adieu Christophe, ta mort n'aura pas été inutile si elle réveille des consciences. En tout cas, depuis quelques jours, une petite voix me dit : « Réveille-toit »..., alors je crois que je vais me réveiller, il est temps.
"Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à..."